Genre: combat
Développeur: RARE et édité par Midway
Console: Super Nintendo
Année de sortie : 1995
Innovation Instinct
Il faut savoir que Killer Instinct est avant tout un jeu d'arcade réalisé conjointement (software/hardware) par Rare et Midway et arrivé en 94. C'est le premier jeu d'arcade à disposer d'un disque dur interne.
En 1995, souvenez-vous, les premières machines 32bits arrivent au Japon et Nintendo a énormément de retard sur son projet "Ultra-64" (future Nintendo64). Pour faire patienter les gamers sur la SNES, Nintendo demande à Rare de développer Donkey Kong Country qui repousse les limites de la bécane 16bits (je vous invite à lire le test de cet excellent jeu).
Succès en arcade, Killer Instinct est prévu au départ pour sortir sur Ultra64 mais le retard important de celle-ci fait que le jeu est porté sur Super Nintendo. Beaucoup pensaient qu'il serait difficile de faire tourner un jeu d'arcade prévu pour 64bits sur une 16bits... et pourtant, ça a été le cas en 1995 avec un package impressionnant: cartouche noire, bande son du jeu sur un CD ! ENORME !
Car Killer Instinct a été réalisé de manière particulière: modélisation en 3D des décors et des personnages. Evidemment, pas question de 3D en temps réel sur SNES donc toutes ces modélisations 3D (sur workstations SGI) ont été transformées en sprites pour la SNES.
Notez enfin qu'une version GameBoy est arrivée en novembre 95, qu'un Killer Instinct 2 existe en arcade et qu'une variante de cellui-ci a été adapté sur N64 sous le nom de Killer Instinct Gold.
DK + SF2 x MK = KI ?
L'écran titre, très bien réalisé, propose des modes de jeu classiques dans le genre avec les modes 1 et 2 joueurs, le tournoi et l'entrainement.
Rien de très original mais tout est là. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, il y avait quand même la concurrence de Mortal Kombat (moins bien mais assez populaire) des jeux SNK (très bons mais nécessitant la Rolls des consoles) et surtout Street Fighter 2 et ses suites (notamment le turbo et le super SF2) toutes déjà présentes sur la console SNES.
Le scénario (il y en a un, c'est déjà ça) est basique: une vilaine entreprise (Ultratech) qui contrôle le monde organise un joli petit tournoi. Les invités ont tous une raison (quoique) se vouloir mettre des pains et gagner. Super...
Les 11 salopards:
Et ces joyeux combattants sont au nombre de 11 (dois-je rappeler que SuperSF2 en avait 16 ?):
- Black Orchid, une humaine agent secret qui peut se transformer en panthère (Manimal ?). Elle est là pour enquêter sur la disparition des concurrents. Unique femme du jeu, elle a 23 ans et dispose de 2 sabres laser.
- Jago: humain lui aussi (joie), moine tibétain de son état, il utilise un katana. Son truc est de se battre pour explorer ses démons intérieurs et éliminer la menace Ultratech. Il a 21 ans.
- T.J. Combo est un humain bionique (qui a dit Steve Austin ?) de 30 ans, boxeur qui se bat pour l'argent car il a quelques soucis à ce niveau là.
- Chief Thunder est un humain de 42 ans,chef amérindien (ben oui) qui, à l'aide de ses tomahawks) cherche son frère disparu mystérieusement (et Ultratech est au courant).
- Cinder est un "humain chimiquement développé" (comprenez ce que vous voulez) de 31 ans. C'est un criminel devenu cobaye d'Ultratech pour ses armes chimiques. Il est maintenant une sorte de torche humaine qui doit gagner le tournoi pour avoir une chance de redevenir ce qu'il était. Au passage, il doit tuer Glacius.
- Glacius est un alien métamorphe de glace. C'est donc un alien (inspiré du T-1000 de Terminator2) capturé par Ultratech. Pour redevenir libre, il doit tuer Cinder. Géniale intrigue !
- Riptor est un... velociraptor humanoïde créé par génie génétique (si, si, c'est marqué sur sa carte d'identité). Il a 4 ans (oui), mesure 2m10 (?!). Il est un prototype de machine à tuer biologique mélant la bestialité animale et l'intelligence humaine (ou le contraire). Il est là pour être mis à l'épreuve... une sorte d'entrainement.
- Sabrewulf est un lycanthrope (traduisez loup garou) de 45 ans qui vit de ses rentes. En effet, ancien noble richissime, il est devenu loup garou et se cachait dans son château jusqu'à ce que Ultratech lui propose un vaccin s'il gagne le tournoi.
- Spinal est un... squelette régénéré de 2650 ans. Pirate de profession, maniant le sabre avec dextérité, il a été ramené à la vie par Ultratech pour le tournoi. Il n'est là que pour tuer, tuer et, s'il a le temps, tuer encore un peu.
- Fulgore est un robot soldat. Doté d'une intelligence artificielle, il est une arme d'Ultratech qui est en phase de test avant mise sur le marché et apposition du code-barre sur la nuque.
- Eyedol est un démon à 2 têtes des temps anciens qu'Ultratech a trouvé en se baladant dans une autre dimension (facile !). Il est le grand boss du tournoi. Il est jouable avec une manipulation.
Les zones de combat, assez variées et très identifiables, nous font un peu voyager avec un désert, le grand Canyon, un temple, une salle de gym, un building, une usine... Notez quand même que les arrières plans sont très travaillés.
Mortal Instinct ?
Le gameplay du jeu est lui aussi intéressant et était même à l'époque une véritable évolution du genre.
Première chose: Killer Instinct ne propose pas des combats divisés en round (comme presque partout ailleurs). Ici, chaque combattant dispose de deux barres de santé. La seconde se remplit lorsque la première est vide. Cela permet de revenir quasiment au même sans coupure. Du coup, le rythme est bien accéléré même si les fans des SF2 par exemple regretteront la pause entre deux rounds.
Attention : le temps reste limité à 100 secondes.
Si certains comparent un peu facilement Killer Instinct et Mortal Kombat, c'est que certains points semblent les rapprocher. En réalité, quand on joue aux deux à la suite, il y a peu d'éléments comparables.
Je reviendrai sur les graphismes et l'animation plus loin mais sur le strict point du gameplay, il est important de signaler que Killer Instinct est bien plus rapide et nerveux que MK. La palette de coups disponibles est non seulement très importante mais aussi très variée et bien liée à chaque personnage. Si on ajoute la progressivité de la jouabilité (on commence doucement puis peu à peu on arrive à rendre son personnage très très dangereux), Killer Instinct est une perle du genre.
Comberman !
Innovation pour l'époque: les combos ! Si aujourd'hui il est difficile d'imaginer un jeu de combat sans ces combos (combinaisons de coups à la suite), Killer Instinct a apporté beaucoup à ce niveau.
Pour réaliser un combo, il faut un coup d'ouverture (une fois trouvée une faille dans la garde adverse) puis un coup ou des coups de transition, un enchainement et soit une autre transition soit un coup de fermeture.
Exemple: Coup de pied sauté (1 coup) d'ouverture + Coup de poing de transition (2 coups) + Coup d'épée circulaire = (1 coup) d' enchainement + Coup d'épée de transition (1 coup)+ Uppercut (4 coups) en fermeture = combo de 9 coups !
Evidemment ce n'est qu'un exemple. Parfois, telle ou telle phase du combo sera plus ou moins longue. Il est possible d'atteindre ainsi l'ultra combo (48 coups) et même bien plus (80 hits).
Il est possible de réagir face à un combo en faisant un combo-breaker (qui comme son nom l'indique casse le combo adverse) qui peut servir d'ouverture à son propre combo. Pas mal !
Ne pensez pas faire ce genre de combinaisons au départ. Il faut quand même pas mal maitriser le jeu.
Une fois le combat sur la fin, on peut terminer son ennemi avec une fatalité (comme dans Mortal Kombat dans le principe). Plusieurs possibilités:
- la fatalité basique qui tue l'adversaire de manière très violente.
- la fatalité spéciale qui est bien propre à chaque personnage (Orchid montre sa poitrine, Riptor découpe l'ennemi en steak, Glacius le gèle en statue, Sabrewulf le transforme en conserve...)
- l'humiliation qui ridiculise l'ennemi en l'obligeant à danser sous hypnose
- un gros combo (soit l'ultra combo qui est une super suite de coups soit l'ultimate combo qui se termine lui par une fatalité). Attention: quand la jauge ennemie clignote sur sa fin.
On voit bien que là encore, c'est bien plus riche et complexe que dans Mortal Kombat.
Plein les yeux, plein les oreilles
J'ai déjà abordé l'aspect technique du jeu en introduction mais un point quand même sur les graphismes très originaux du jeu avec cette technologie qui rappelle (en moins enfantin) Donkey Kong Country avec modélisation des sprites, une sorte de 3D sous forme d'effets de relief pour, des sprites grands et très fins, des couleurs bien variées et adaptées... la console est proche de sa limite. On aime ou pas le genre mais c'est bien foutu !
L'animation, même en 50Hz, est très fluide et rapide avec aucun problème de ralentissement visible. Par rapport à la concurrence, il faut se tourner vers SF2 turbo pour voir aussi impressionnant.
Surtout, entre l'animation et le gameplay très étudié, les enchainement de coups sortent avec une grande clarté. Bravo !
Au niveau sonore, on est dans le haut du panier de la console. Ce n'est pas ce que j'ai entendu de mieux sur SNES (Chrono Trigger, Castlevania IV...) mais les musiques du jeu sont arrangées avec soin, de grande qualité (sans support cd, c'est très fort). Surtout chaque thème est bien lié au niveau de jeu et au personnage.
Les bruitages sont plutôt réussis dans l'ensemble et les voix digitalisées sont de bonne facture. Très présentes pour l'époque, elles participent à l'ambiance du jeu.
Les pistes du cd:
Killer Cuts
K.I. Feeling (Orchid) - 3:45
The Way U Move - 3:58
Controlling Transmission (Glacius) - 3:56
Oh Yeah (Chief Thunder) - 3:23
It's a Jungle - 3:04
Do It Now! (Jago) - 3:55
Full-bore (Fulgore) - 3:16
The Instinct (Theme) - 4:53
Yo Check This Out! (T.J. Combo) - 1:36
Freeze - 2:11
Trailblazer (Cinder) - 1:50
Tooth & Claw (Sabrewulf) - 3:09
Ya Ha Haa (Spinal) - 3:00
Rumble (Riptor) - 2:11
The Extreme (Eyedol) - 2:33
Humiliation - 0:40
Le CD:
Au final, j'ai passé un bon moment avec ce test de Killer Instinct. C'est un jeu que je n'avais pas beaucoup pratiqué à l'époque car étant fan de SF2 (turbo notamment), je ne m'étais pas lancé à fond dans la concurrence.
Aujourd'hui, je dois dire que c'est un des meilleurs jeux de combat 2D que je connais sur cette génération de machines.
Pourtant le jeu n'est pas parfait: certains personnages manquent de charisme (voir de consistance), le boss final certes jouable fait petit joueur face à ses collègues de SF2 ou MK...
Mon avis: un excellent jeu de combat 2D, original, complet et hyper travaillé. Un indispensable de la ludothèque SNES !
SCENARIO : ça dépend du combattant mais en gros il faut tuer les autres...
GRAPHISMES : c'est impressionnant avec de la simili3D, des sprites très fins et une animation ultra fluide.
SONS : des musiques de qualité, très identifiables. Des bruitages corrects et des voix bien rendues.
DUREE DE VIE: 11 personnages, plusieurs modes de jeu... Il faut surtout du temps pour maitriser les combos.
JOUABILITE : très impressionnante. C'est rapide, ça sort très bien et malgré la complexité de certains enchainements, c'est du bonheur.
NOTE: 8/10
Dernière édition par Shanks le Mar 27 Juil - 4:40, édité 2 fois