Ah ! Combien de fois avons-nous entendus ces fameux mots, en général pour couper court aux éventuels débats ? On remarque en effet un certain ménagement de la communauté des joueurs à l'égard de certaines oeuvres qui se cachent derrière l'épithète de écultes". On touche là à un point qui me paraît essentiel d'évoquer car symptomatique d'une époque où l'on dégaine trop souvent cette ritournelle bien connue des joueurs (et pas seulement). Alors annonçons tout de suite la couleur : non, dans l'absolu, ce n'était pas mieux avant !
Non, le jeu vidéo de 2016 n'est pas plus court que celui de vingt ans son aîné. Seulement, étant donné que le "die and retry" faisait partie intégrante des jeux de l'ère 2D, nécessairement cela nécessitait plus de temps pour les terminer. Il n'y a qu'à voir les speedrun sans glitch effectués sur ces jeux par des runners chevronnés pour se rendre compte que leur longueur est factice. C'est omettre aussi qu'une grande partie des productions actuelles disposent d'une durée de vie extrêmement conséquente : The Witcher III, Fallout 4, Metal Gear Solid V, Xenoblade Chronicles X... pour ne citer que les mastodontes de 2015.
Non, la course aux graphismes n'est pas une donnée nouvelle dans l'industrie. Le jeu vidéo étant dépendant des avancées technologiques, elle a toujours existé. Et c'est faire preuve d'une certaine malhonnêteté intellectuelle que d'affirmer que les performances graphiques n'entrent pas en ligne de compte dans l'appréciation d'un jeu quand on sait qu'il s'agissait d'un des chevaux de batailles des développeurs dès les années 1980 et que cela nourrissait déjà les débats entre les joueurs à cette époque. "Qui c'est qui est le plus beau ?", ça ne date définitivement pas d'hier.
Non, les jeux ne sont pas moins variés dans leur approche (en témoigne l'offre pléthorique du marché : aventure, FPS, RPG, plates-formes, sport, course, combat, RTS, MOBA...) ou dans leur jouabilité : certains jeux se situent même à la croisée des genres et proposent une grande diversité dans le gameplay.
Au final, on peut comprendre les critiques qui sont émises à l'encontre de certaines dérives de l'industrie actuelle, telles que l'abondance de produits dits "en kits" (DLC, season pass), la banalisation regrettable des bugs à la sortie des jeux ou les longues installations qui nous font regretter l'époque du plug'n play. Alors oui, de ce point de vue-là, force est de constater que tout n'est pas rose. Néanmoins, tous ces éléments ne devraient pas être vécus comme rédhibitoires car étant simplement d'ordre commercial ou concernant le confort de jeu, et non les qualités intrinsèques de celui-ci.